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mercredi 17 juin 2009

BRIC-ECONOMIE. Sommet du Bric: Les pays du Bric évitent de s’en prendre au dollar


Le premier sommet officiel du Bric a accouché d’une déclaration finale sans grandes décisions, évitant surtout d’attaquer trop frontalement le dollar de peur que celui-ci ne soit trop fortement chahuté sur les places financières.


Les pays du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) rêveraient de mettre une nouvelle monnaie de réserve à la place du dollar, un panier de devises, par exemple, dans lequel se trouveraient leurs monnaies nationales respectives. Mais, outre le fait qu’entre rêve et réalité, cela relèvera d’un long processus – au grand dam de Moscou qui voudrait que cela se produise le plus vite possible – les grands pays émergents redoutent aussi un effondrement de la monnaie américaine dans laquelle sont libellées la plupart de leurs réserves de change s’ils attaquent le dollar de manière trop frontale et trop insistante… D’où, lors du premier sommet officiel des chefs d’Etat du Bric réunis hier à Ekaterinbourg (Russie), une relative discrétion sur ce sujet, sauf de la part de la Russie, et une discrétion encore plus grande dans le communiqué final. De même, les officiels des différents pays, en marge du sommet, ont rappelé qu’il ne fallait pas conclure que les pays du Bric menaient une croisade contre la monnaie américaine. Reste que, sur le fond, la Russie et la Chine surtout mais aussi le Brésil et l’Inde souhaitent, à terme, diversifier leurs investissements en devises, commercer entre eux avec leurs devises respectives, et avancer vers un nouveau système monétaire international où le dollar perdrait sa suprématie.

La déclaration du sommet de Ekaterinbourg, de son côté, contient peu de concret mais rappelle des positions prises par les différents pays ces derniers mois. Ainsi, il exprime la volonté du Bric de faire en sorte que «les économies émergentes et en développement doivent avoir davantage leur mot à dire et une plus grande représentation dans les institutions financières internationales». De même, les chefs d’Etat se disent «déterminés à avancer vers une réforme des institutions financières internationales, afin qu'elles reflètent les changements de l'économie mondiale» et estiment «qu'un système de devises stable, prévisible et plus diversifié est grandement nécessaire».

De son côté, le Président russe, Dmitri Medvedev, dans son discours de clôture en tant qu’hôte de la réunion, tout en qualifient cette dernière «d’événement historique», a souhaité que les sommets du Bric créent «les conditions d'un ordre mondial plus juste». Vaste ambition qui, selon Dmitri Medvedev, a animé les discussions de Ekaterinbourg autour «des moyens de rendre plus juste le processus de prise de décision sur les questions internationales les plus importantes - sur l'économie, la politique internationale et la sécurité».

Le peu de résultats concrets – mais pouvait-il en être autrement tellement - va apporter de l’eau au moulin à ceux qui estiment que le Bric est un club avec des membres ayant des intérêts trop divergents pour devenir un groupe structuré et aux pouvoirs internationaux importants. D’autant qu’aucune conférence de presse, ni intervention n’ont eu lieu de la part de la Chine, de l’Inde et du Brésil après le discours du Président russe. Néanmoins, ceux qui le défendent feront remarquer que l’essentiel était dans le symbole de la tenue d’un sommet de ce type. A noter que le deuxième sommet des chefs d’Etat du Bric devrait se dérouler en 2010 au Brésil. Cette deuxième rencontre devra, à cours sûr, produire plus de concret pour que le Bric soit une réalité plus qu’un symbole.


Alexandre Vatimbella

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