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lundi 22 juin 2009

CHINE-COMMERCE. La Chine dénonce le protectionnisme… tout en le pratiquant!


Décisions pour empêcher l’exportation de produits étrangers, mesures de dumping ou favorisant l’utilisation exclusive de matériels «made in China», les autorités de Pékin agissent exactement de la manière qu’elles condamnent !


Au début de cette année, la Chine indiquait que la plus grande menace qui pesait sur la globalisation était le protectionnisme que la crise économique et financière pouvait réveiller. Pékin prêchait en fait pour sa propre chapelle puisque son économie est tournée principalement vers les exportations. Néanmoins, le plan de relance adopté par le gouvernement prévoit de stimuler avant tout la demande intérieure et de fournir de gros contrats d’infrastructures aux entreprises chinoises. D’où, ces dernières semaines plusieurs décisions et mesures pour protéger les entreprises locales qui ressortent sans conteste d’une volonté protectionniste soi-disant combattue! Des actes en contradiction avec le discours officiel, voilà qui n’est évidemment pas nouveau dans la pratique des autorités chinoises (ni même de celles d’autres pays…) mais qui montrent que la Chine veut contrôler sa relance pour en faire bénéficier avant tout son tissu économique. Une vision sans doute à courte vue tant le pays a besoin de l’extérieur pour écouler ses produits mais également pour acquérir des technologies qui lui manquent. Car, à jouer la fermeture de ses marchés et en favorisant ses entreprises dans les appels d’offre publics, la Chine se met en position d’être critiquée, condamnée et punie par des mesures de rétorsions prises par ses partenaires commerciaux.

Si cette dernière phase n’a pas encore été activée, les deux premières le sont. Ainsi, les entreprises étrangères qui travaillent avec la Chine se sont inquiétées d’être exclues des appels d’offre publics même lorsqu’elles possèdent des technologies bien supérieures à celles de leurs homologues chinoises comme ce fut le cas récemment pour des contrats concernant les énergies éoliennes. De même, elles s’inquiètent des directives ministérielles qui enjoignent aux collectivités publiques de favoriser systématiquement les entreprises chinoises dans les appels d’offre, voire même d’interdire aux entreprises étrangères de postuler.

Quand aux condamnations, les procédures ne sont pas loin d’être mises en œuvres puisque la Chine a pris des décisions interdisant l’exportation d’un certains nombre de produits et de matières premières comme le cuivre, le tungstène, la bauxite ou le carbonate de magnésium. Sans oublier les aides publiques à certaines industries comme celles de l’automobile et du pneumatique qui ressemblent beaucoup à du dumping. Ainsi, les Etats-Unis, l’Inde et l’Union européenne ont demandé à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) d’entamer une procédure de discussion avant que ne commence une procédure de mise en accusation sur tous ces dossiers. A noter qu’il ne sera sans doute pas possible de faire de même pour les restrictions aux appels d’offre puisque la Chine n’a jamais signé l’accord de l’OMC sur la non-discrimination des entreprises étrangères dans le cas d’un appel d’offre.


Alexandre Vatimbella

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