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mardi 15 novembre 2011

MONDIALISATION-DEMOGRAPHIE. L’incroyable paradoxe de la démographie


Au moment où les autorités chinoises affirment qu’elles maintiendront la politique de l’enfant unique, le sept-milliardième habitant de la planète est né. Et, pour le monde, l’augmentation de la population est à la fois une chance et une tragédie!
D’un côté, on se lamente du risque d’une surpopulation de la planète. De l’autre, on se lamente de la baisse de la démographie qui déclasse un pays de son rang géoéconomique et géostratégique lui posant de graves problèmes d’équilibres, notamment en matière sociale. Sans oublier qu’il lui ferait perdre son dynamisme.
D’un côté, on incite des pays en développement à maîtriser leurs naissances et à faire décroître leur population au nom de leur santé économique mais aussi de celui du bien commun mondial. De l’autre on s’inquiète qu’il n’y ait plus assez d’enfants en Europe et même en Chine…
Nous sommes, en matière démographique, dans un incroyable paradoxe.
Bien évidemment, celui-ci s’explique.
Il y a plusieurs niveaux d’analyse qui se téléscopent et qui produisent des études et des déclarations contradictoires.
Au niveau mondial, nous sommes capables encore d’amortir une progression de la population. Mais celle-ci est loin d’être un bienfait car cela implique un partage des richesses entre plus de gens alors que, déjà, de nombreux n’ont pratiquement rien. Sans oublier qu’il faut les nourrir.
Cette progression est due à la formidable amélioration de l’hygiène et aux progrès non moins impressionnants de la médecine. Les deux phénomènes combinés permettent aux enfants de ne plus mourir en bas âge et aux personnes âgées de mourir de plus en plus tard.
Mais qui pourrait avoir l’audace malsaine de remettre en cause cette avancée de l’humanité même si elle pose des défis énormes à celle-ci?
Au niveau régional, certaines régions du monde comme l’Europe «manquent» d’habitants alors que d’autres en ont «trop» comme l’Asie.
Au niveau d’un pays, les conséquences de la baisse de la natalité dépendent de son système économique et social. On comprend qu’au Bangladesh, celle-ci a moins d’impact sur le système économique et social puisque les protections sociales sont faibles (et donc il n’y a pas de retraites dignes de ce nom pour la majorité de la population) et que le besoin de main d’œuvre est déjà bien pourvue.
En revanche, dans un pays comme l’Allemagne où la population vieillit, cela pose un grave problème. Qui va payer pour les retraites? Comment organiser l’économie avec une perte de sa population (et malgré un taux de chômage élevé)? Où trouver les travailleurs et les consommateurs de demain qui feront tourner la machine productive?
Dans un pays comme la Chine, le problème est moins social (les retraites ne sont pas très élevées) qu’économique. Où trouver la main d’œuvre abondante qui a fait le miracle chinois. Mais, ce pays est également de l’autre côté. Il est le plus peuplé du monde et certains experts disent depuis longtemps que la population optimum du pays se situe entre 400 et 600 millions de personnes, soit la moitié de ses habitants (et encore l’on estime que les statistiques de la Chine sont en-deçà de la réalité).
Il est certain qu’il faudrait «mondialiser» la démographie. Cependant, cela implique des questions d’une énorme complexité. Un seul exemple. Est-ce que les pays «déficitaires» en population seraient prêts à accepter les «surplus» des pays trop peuplés afin de répartir équitablement les habitants sur la planète? Les questions d’émigrations sont extrêmement sensibles comme on peut le voir aux Etats-Unis et en Europe.
La démographie demeure, à l’heure actuelle, un des grands paradoxes de la mondialisation.
Alexandre Vatimbella
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