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samedi 9 mai 2009

Editorial: Bric: Les faiblesses des prochaines superpuissances…


Les experts et analystes en tout genre prédisent que le monde de demain sera dominé par les quatre grands pays émergents, ceux du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine). Seule la date de passation de pouvoir entre l’ancien monde économique et le nouveau demeure aléatoire mais pas la réalité du passage de témoin. Pourtant, au-delà du fait que le monde occidental (Etats-Unis, Europe et Canada) possède une forte capacité de résilience en la matière, les quatre grands en gestation ont aussi leurs faiblesses et parfois d’importantes qui pourraient se retourner contre eux avant qu’ils atteignent les sommets qu’ils convoitent. La Chine, la plus forte de la bande des quatre, est assise sur une poudrière sociale et il serait également malvenu d’oublier les centaines de millions de ruraux pauvres, une faiblesse chronique de la demande intérieure, la pollution endémique et la rigidité d’un parti communiste qui s’arc-boute sur son pouvoir au lieu de s’ouvrir progressivement. L’Inde, dont certains estiment que son régime démocratique lui donne un avantage énorme par rapport à la Chine, demeure néanmoins un pays encore largement sous-développé si l’on pense que l’on y trouve le plus grand nombre d’enfants malnutris au monde, si l’on se rappelle que 90% de la population est rurale (malgré des statistiques officielles différentes mais qui englobent dans les citadins tous les habitants des petites localités rurales…), si l’on s’aperçoit que le tissu économique ne peut trouver du financement qu’à l’extérieur du pays, si l’on n’oublie pas que la majorité du territoire ne bénéficie pas de l’électricité toute la journée et que sur la nouvelle terre des technologies de l’information et du back office mondiale, seul 1% de la population est raccordée à un réseau internet haut débit. La Russie, elle, a des matières premières à profusion mais elle n’a que ça. On le voit bien quand les prix de celles-ci s’effondrent. C’est alors toute l’économie qui est touchée et les autorités se reposent sur cette manne providentielle et tardent à développer le tissue économique du pays. Sans oublier la démographie qui s’effondre, des institutions financières sinistrées et un régime qui louvoie entre entrer dans le XXI° siècle ou retourner au début du XX°. Reste le Brésil qui devient, ces derniers temps, le chouchou de certains pour être la vraie grande puissance de demain. Mais, outre le retard qu’il doit encore combler vis-à-vis de la Chine, par exemple, au niveau de son PIB, le Brésil est également très dépendant de ses matières premières et compte une population pauvre très nombreuse. Reste que sa démocratie vivante, son environnement économique et ses capacités de développement sont des atouts. Mais, l’instar des autres pays du Bric, il doit encore démontrer que ses faiblesses ne sont rien face à ses potentialités. Reste qu’il serait étonnant si un des pays de ce club ne soit pas dans les prochaines décennies la première puissance économique mondiale, voire, à plus brève échéance, la deuxième derrière les Etats-Unis (la Chine est bien actuellement entre la deuxième et la quatrième place selon les différents calculs mais ramené au revenu annuel par habitant, elle est encore très loin des pays occidentaux et du Japon). Mais, pour ce qui est de cette dernière prédiction, il serait présomptueux de donner une date. La vie est trop imprévue pour dire si cela se passera demain, après-demain ou un peu plus tard…


Alexandre Vatimbella