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vendredi 27 mars 2009

CHINE-ECONOMIE. Pour la Banque mondiale, l’économie réelle de la Chine résiste


Même si elle ne prévoit qu’une croissance de 6,5% de la Chine en 2009, l’organisation financière internationale estime que les fondamentaux de son économie sont solides.


Voici les principales constatations de la Banque mondiale dans son dernier rapport trimestriel de mars 2009

«Bien que durement touchée par la crise mondiale, l’économie réelle de la Chine résiste. Malgré un ralentissement prévu, la croissance de la Chine devrait demeurer supérieure à celle de la plupart des autres pays. Cependant, la poursuite de la crise mondiale va peser sur la croissance chinoise en 2009 et 2010, en entraînant notamment une baisse des exportations et des investissements basés sur le marché.» Dans ce cadre la Banque mondiale a prévu une croissance du PIB de 6,5% en 2009 et estime que «les fondamentaux économiques de la Chine sont néanmoins assez solides pour permettre aux autorités d’entreprendre des politiques qui porteront leurs fruits bien au-delà de 2009». D’autant que, précise l’organisme, «il existe des synergies utiles entre les objectifs politiques visés par la Chine à court et à moyen terme. Il est souhaitable de réformer le secteur financier».

La banque étudie ensuite les récents développements économiques du pays. Selon elle, dans le contexte de la crise économique, «l’économie chinoise s’est considérablement ralentie. L’intensification de la crise mondiale a des répercussions importantes sur les exportations chinoises. Au niveau national, l’aisance de la Chine lui donne une certaine latitude et les politiques de relance semblent contribuer à atténuer les effets de la crise. L’assouplissement de la politique monétaire entraîne une augmentation des prêts bancaires et stimule l’activité économique. La demande intérieure a de fait mieux résisté que la demande extérieure. Les investissements initiés par le gouvernement prennent le relais tandis que les investissements basés sur le marché sont en baisse. Depuis novembre, l’activité décroît sous l’effet de la résorption des stocks involontaires, cependant le surplus de ces stocks ne semble pas très important. La consommation diminue mais demeure assez soutenue. La baisse de la demande de main-d’œuvre crée une pression sur le marché du travail. Le ralentissement accentue la pression à la baisse sur l’inflation. Dans le secteur des entreprises, la rentabilité s’est détériorée durant le deuxième semestre 2008 ».

Quant aux perspectives économiques, la Banque estime que l’activité du marché intérieure de la Chine demeurera soutenue : «On voit apparaître une marge de production inemployée, qui commence à produire différents types d’effets. Étant donné le recul prévu des investissements basés sur le marché, les investissements initiés par le gouvernement acquièrent une importance capitale. La consommation privée devrait se ralentir mais demeurer considérable. La consommation dans les zones rurales risque d’être nettement plus faible. Au total, du fait d’une politique de relance énergique, l’économie chinoise devrait continuer à croître de manière significative dans un contexte international extrêmement difficile. L’économie chinoise devrait bénéficier de la reprise attendue, quoiqu’incertaine, fin 2009 ou courant 2010. Du fait du prix peu élevé des matières premières et de l’écart de production considérable qui est en train de se former, la pression inflationniste sera très faible en 2009. La pression sur les prix résultant de la récession entraîne un recul de la rentabilité. Dans ce contexte, le marché du travail risque fort de demeurer morose.

La Banque Mondiale pointe néanmoins «un certain nombre de risques» et donne quelques conseils de politique économique au pays : «la Chine doit relever des défis importants à court, moyen et long terme. Étant donné que les objectifs à court et moyen terme coïncident, ce sont les objectifs à moyen terme qui devront orienter les politiques économiques en 2009. À l’avenir, les mesures visant à relancer l’investissement pourraient devenir moins nécessaires. En ce qui concerne les politiques possibles et recommandées pour atténuer les conséquences de la crise sur le marché du travail, le rapport souligne qu’utiliser le système de sécurité sociale présente des avantages par rapport à plusieurs autres politiques. Réformer le secteur financier et le marché des capitaux pourrait contribuer à rééquilibrer le mode de croissance.

En matière de politique budgétaire, «2009 va probablement provoquer une augmentation non négligeable, mais maîtrisable, du déficit public. Dans quelle mesure et de quelle manière la politique fiscale devra-t-elle intervenir si l’objectif de croissance de 2009 est en danger ? Il est également possible de limiter les conséquences des perturbations économiques temporaires et des licenciements en étendant et en utilisant le filet de protection sociale, de préférence en l’associant à des programmes de formation. Le gouvernement a annoncé que le plan en 10 points inclurait 10 plans sectoriels spécifiques. D’autres initiatives récentes de politique budgétaire ont eu pour objectif de stimuler la consommation et d’améliorer les conditions de vie de la population. Primo, le gouvernement a récemment annoncé les grandes lignes d’un plan de réforme du système de santé. Deuxio, des mesures ont été prises pour renforcer le filet de sécurité sociale. Tertio, le gouvernement estime que les mesures en faveur de la consommation des populations rurales sont prometteuses et prend des initiatives dans ce sens. On assiste également à plusieurs changements dans la politique fiscale. Des réductions d’impôts supplémentaires sont aussi en cours de discussion, mais leur intérêt n’est pas encore établi. Si ces réductions d’impôts sont envisagées, différents points devront être pris en compte. Enfin, en vue de soutenir le processus de rééquilibrage, il est nécessaire de considérer des augmentations d’impôts supplémentaires. Celles-ci permettraient d’améliorer la rentabilité énergétique et le respect de l’environnement dans le cadre de l’activité économique en Chine.»

En matière de politique du secteur financier, la Banque mondiale estime qu’il est important «de contrôler l’effet du ralentissement sur le système bancaire. Il n’est pas souhaitable d’exercer une pression sur les banques pour qu’elles augmentent les prêts de manière imprudente. Le bon fonctionnement du système financier peut aider la Chine à gérer le ralentissement et à effectuer la transition vers un modèle de croissance rééquilibré. La poursuite des réformes structurelles est ainsi susceptible d’augmenter les fonds destinés aux micro-entreprises et petites entreprises ainsi qu’au secteur des services et au secteur rural ».


Alexis Levé

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