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lundi 8 septembre 2008

CHINE-INDE. INTERNATIONAL. L’Inde très déçue par l’opposition de la Chine à l’accord nucléaire avec les Etats-Unis


Après avoir jouée au poker menteur, la Chine a abattu ses cartes lors de la réunion de Vienne en s’opposant ouvertement à l’accord nucléaire américano-indien. L’Inde s’en offusque et les relations bilatérales risquent de connaître quelques turbulences.


Il y a de l’eau dans le gaz des relations sino-indiennes. La Chine en effet a été proche de faire capoter l’accord nucléaire américano-indien discutée à Vienne par le groupe des 45 pays fournisseurs (NSG), attitude qui a profondément choqué les autorités de New Delhi. « Le ministre chinois des Affaires étrangères va venir en Inde et, évidemment, nous allons lui exprimer notre déception. Nous allons lui dire que nous ne nous attendions pas à cela », a indiqué le conseiller pour la Sécurité nationale, MK Narayanan. « Cela », c’est l’opposition manifestée par la Chine à l’accord entre les Etats-Unis et l’Inde sur la fourniture de combustible et de technologies nucléaires à l’Inde malgré ses essais atomiques et sa non-ratification du traité de non-prolifération. L’Inde est d’autant plus déçue que le Président chinois Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao avaient assuré Manmohan Singh qu’ils ne s’opposeraient pas à cet accord. Pour marquer l’ampleur de cette déception, le conseiller a ajouté : « Nous ne pouvons pas choisir nos voisins. Nous avons le Pakistan et la Chine et nous désirons avoir les meilleures relations avec ces deux pays. » L’analogie entre la Chine et le Pakistan sera appréciée par les autorités chinoises…

Le ressentiment de l’Inde s’est révélé au grand jour lorsque la présidente du pays a remercié les pays qui avaient aidé à la signature de l’accord sans citer la Chine. Puis les autorités ont accusé Pékin d’avoir soulevé des questions sans raison pour s’opposer à l’accord. Comme l’a souligné un diplomate présent à la réunion de Vienne, « Aucune des objections de la Chine n’était substantielle et n’avait pour unique but que de démonter les efforts américains pour rassurer les autres pays ». Selon l’Inde, seul l’intervention personnelle de George W. Bush auprès du Hu Jintao et les plaintes de Manmohan Singh auprès du gouvernement chinois ont fait cesser l’harcèlement des diplomates chinois.

Selon les diplomates présents, l’attitude de la Chine a totalement changé lorsqu’elle a compris que le groupe des fournisseurs nucléaires (NSG) allait donner son autorisation à l’accord. En effet, Pékin avait, non seulement promis sa neutralité mais avait même assuré New Delhi de son soutien en espérant que cet accord ne recevrait jamais l’autorisation du NSG. Déjà, lors de la dernière réunion du G8, la Chine, qui n’était plus aussi sûre de cette opposition depuis que l’AIEA (Agence à l’énergie atomique) s’était déclarée pour l’accord, s’était employée dans les coulisses à chercher des appuis pour le contrer tout en continuant à prétendre aux autorités indiennes qu’elle les supportait, ce que ces dernières ont cru jusqu’au moment où, à Vienne, la Chine soit demeurée le dernier pays à s’y opposer. Ce double-jeu risque d’avoir un effet négatif sur les relations sino-indiennes et un effet positif sur le rapprochement entre l’Inde et les Etats-Unis. Une sorte de fiasco pour la diplomatie chinoise ! Les récentes déclarations du ministre des Affaires étrangères chinois qui voyaient l’Inde et la Chine comme « partenaires plutôt que rivaux » risquent de sonner creux pour un bout de temps…


Alexandre Vatimbella

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