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vendredi 24 février 2023

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Comprenons-nous bien le séisme planétaire (et européen) de la guerre en Ukraine?

Après la Seconde guerre mondiale, devant le monde en ruine, le «plus jamais ça» qui avait déjà été clamé après le premier conflit planétaire, était de nouveau de mise.

Il ne fallut malheureusement pas longtemps avec les guerres de décolonisation et la guerre de Corée pour démontrer le fantasme d’un monde sans guerre.

Cependant, les Européens qui avaient été à l’origine des deux guerres mondiales (ou, pour certains, d’une grande guerre mondiale allant de 1914 à 1945) semblaient avoir retenu la leçon, surtout compris que cela ne servait à rien de s’affronter dans une violence inouïe où il n’y avait que des perdants.

La construction européenne, d’un côté, et la guerre froide, de l’autre, avaient, pour des raisons évidemment différentes, éloigné le risque d’un conflit sur ce continent tant meurtri qu’avait été jusque-là l’Europe.

Et le but semblait enfin atteint en 1989 avec la chute du mur de Berlin, une démocratisation de la Russie et l’intégration des pays de l’Est dans l’Union européenne afin d’éviter que des guerres éclatent entre eux notamment sur des questions de territoires et de minorités comme entre la Roumanie et la Hongrie, par exemple.

Même la séparation entre les Tchèques et les Slovaques se passa pacifiquement.

Bien sûr, il y a eu le guerre sanglante dans l’ex-Yougoslavie avec son lot de morts, de violences et d’actes barbares.

Mais si l’Europe vacilla quelque peu, ce conflit put être circoncis aux territoires de l’ancienne fédération avec la création des entités nationales indépendantes qui permit d’y mettre fin.

Et l’on put la qualifier de guerre civile, ce qu’elle était en partie.

Tout autre est l’invasion de l’Ukraine par Poutine.

Car cette guerre déclenchée par le potentat du Kremlin était tout autant dirigé contre l’Ukraine et son indépendance que contre les démocraties européennes.

Il s’agissait et il s’agit toujours pour Poutine de faire de l’Europe un glacis à sa botte au prix d’une guerre totale comme en témoigne l’implication de son armée et ses exactions qui n’ont pas de précédents depuis… la Seconde guerre mondiale et les visées hitlériennes.

Oui, l’Europe n’est plus ce continent «raisonnable» qui avait trop vu et vécu la guerre destructrice pour se lancer dans autre.

Peu importe que le déclenchement soit venu d’un criminel, ce fut aussi le cas en 1939 avec Hitler.

Jusqu’au 24 février 2022, nous pouvions nous targuer d’être en dehors de cette violence guerrière que connait tant de régions du monde avec des bilans humains vertigineux.

Nous pouvions même nous présenter en exemple en affirmant que les autres continents devaient nous suivre, prendre modèle sur notre capacité à avoir compris la leçon au prix de dizaines de millions de morts.

Désormais, c’est fini et c’est une véritable désillusion pour tous les humanistes qui espéraient sans le croire vraiment que nous avions fait, nous, Européens, un pas décisif vers la construction d’un monde de respect de la dignité humaine et que l’Humanité y parviendrait un jour.

Nous ne mesurons sans doute pas encore toutes les conséquences de ce véritable changement de paradigme mais nous savons maintenant que la guerre revient toujours un jour ou l’autre n’importe où, même là où elle semblait bannie, malgré nos serments du «plus jamais ça».

Et c’est une calamité.