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mardi 1 janvier 2013

L’ANNEE DE LA MONDIALISATION. 2012: Etats-Unis et Chine en hausse, Brics, Union européenne et G20 en baisse

Les deux grandes puissances actuelles sont bien les Etats-Unis et la Chine. Les deux pays ont dominé le monde en 2012 avec encore un net avantage pour les Etats-Unis mais ce dernier s’érode d’année en année même si les experts ne prévoient pas de passage de témoin à la Chine dans les prochaines décennies.
En revanche, ils estiment que ce fameux G2, ce groupe des deux puissances qui domineront le monde, sera bien une réalité.
Néanmoins, des incertitudes demeurent sur la capacité de la Chine à prendre ses responsabilités internationales ainsi que dans la durabilité de son développement économique.
D’autres concernent la relation qui unira les Etats-Unis et la Chine. Ressemblera-t-elle à celle de la guerre froide entre l’Amérique et l’URSS ou sera-t-elle plus proche d’une gouvernance responsable et apaisée?
A l’opposé, les grands perdants de l’année sont le G20, le Brics et l’Union européenne.
Concernant la dernière, même si les Etats qui la composent ont réagi, notamment ceux de la zone euro, sa situation demeure précaire. Aucune réelle avancée dans l’intégration fédérale, seule capable de donner un rôle de premier plan à l’Europe, n’a été constatée.
Il est également possible que l’on soit à l’orée d’une recomposition européenne avec une union plus restreinte où ses membres iraient tous dans le même sens d’un rapprochement non seulement économique mais également politique.
Dans ce cadre, certains pays comme le Royaume Uni, pourraient se retrouver marginalisés, voire en dehors de l’Union européenne.
Quant au Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), il semble totalement incapable d’avoir le début même d’une existence concrète, se limitant à des rencontres au plus haut niveau où des communiqués lénifiants sont distribués aux médias dans lesquels de nombreuses initiatives sont annoncées sans que rien ou presque ne voit le jour par la suite.
Il faut dire que les intérêts des pays qui composent ce club sont très éloignés sur nombre de sujets et que la méfiance règne, en particulier sur la volonté hégémonique de la Chine et sa volonté d’instrumentaliser le Brics à son profit.
En outre, les difficultés économiques mais aussi politiques rencontrées en 2012 par l’Inde, le Brésil et la Russie n’ont pas renforcé le rôle du Brics comme un intervenant de poids dans les relations internationales.
Concernant le G20, force est de reconnaître sa paralysie et son absence de décisions. Après avoir été un espoir en 2009, le revoilà un simple forum sans grand pouvoir. Reste qu’il veut mieux qu’il existe que le contraire même si nous sommes encore très loin d’une gouvernance mondiale pourtant si nécessaire afin de traiter les questions primordiales du futur de notre planète.
A noter que la Russie en prendra la tête en 2013, ce qui n’augure rien de bon dans le fonctionnement de l’instance internationale alors que la réélection de Vladimir Poutine a, de nouveau, montré que le pays était sous la coupe d’une nomenklatura et d’un régime autoritaire, incapable de saisir les opportunités pour l’ouvrir au monde, seule voie pour assurer son avenir.
La mondialisation a bien sûr concerné les échanges dans le monde. En matières économique, commerciale et financière, les flux demeurent importants mais l’ensemble des pays du monde se sont repliés un peu plus sur eux-mêmes ou sur leurs relations privilégiées comme a pu le constater l’OMC (Organisation mondiale du commerce), autre institution dont le rôle est déclinant.
De ce point de vue, l’économie mondiale a été en difficulté en 2012 avec la récession dans la zone euro, l’effondrement de la croissance en Inde, les difficultés de la Chine qui n’ont été surmontées que par un nouveau plan d’investissement des deniers publics dans les infrastructures toujours plus nombreuses et dont nombre d’entre elles n’ont aucune utilité, la reprise timide des Etats-Unis grevée par les affrontements politiques entre démocrates et républicains, ces derniers jouant la carte du blocage et ce, même depuis la réélection de Barack Obama pour un second mandat (notamment dans la négociation de la «fiscal cliff» qui, si elle n’est pas surmontée dans les premières semaines de 2013, pourrait apporter la récession aux Etats-Unis et dans le monde).
Dans les pays arabes, les craintes que le printemps de la démocratie ne se transforme en hiver de la reprise en main par des forces peu intéressées par les élections et les droits de l’homme se sont bien matérialisées en Tunisie ou en Egypte, par exemple. Quant à la Syrie, la guerre civile qui s’y déroule fait peser une menace sur la stabilité de toute la région.
Dans ce contexte, le développement économique de ces pays, indispensables pour leurs populations, semble en sursis même si quelques succès comme au Maroc, par exemple, démontrent que le potentiel est là.
Evidemment, en Asie, il n’est plus besoin de dire que ce potentiel est une réalité et qu’il donne des résultats évidents. Pour autant, derrière la croissance économique forte qui touche pratiquement tous les pays (sauf le Japon et la Corée du Nord), il y a l’hubris de la Chine qui inquiète tous ses voisins proches ou lointains.
Cette agressivité qui s’est poursuivie en 2012 avec des revendications territoriales agrémentées de menaces sur les pays qui ne les prendraient pas en compte (comme le Japon, les Philippines et le Vietnam), ont envenimé les rapports entre ceux-ci et Pékin.
Au niveau énergétique, la grande nouvelle de l’année est la prochaine autosuffisance des Etats-Unis en matière de gaz et de pétrole grâce à la méthode d’extraction du fracking. A l’horizon 2020 et même avant, la première puissance du monde devrait être exportatrice (elle l’est déjà en matière de produits raffinés).
Tout ceci aura des conséquences importantes sur la mondialisation, sachant par exemple, que les Américains n’auront plus besoin de sécuriser la région du Moyen Orient qui, jusqu’à présent, lui fournissait des quantités importantes de pétrole et de gaz.
Bien évidemment, cela ne prend pas en compte le dossier du nucléaire iranien, qui a connu une année de durcissement des positions sans que, pour autant, on aboutisse au pire, c’est-à-dire une intervention militaire des Occidentaux et d’Israël, ce dernier pays demeurant, évidemment, une priorité pour Washington.
Le basculement de la diplomatie des Etats-Unis vers l’Asie, région stratégique pour eux, va donc se poursuivre et s’amplifier. Néanmoins, la relation transatlantique entre les Etats-Unis et l’Europe va se poursuivre, du simple fait qu’il s’agit d’une zone qui partage les mêmes valeurs et la même pratique démocratique.
Alexandre Vatimbella
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