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lundi 14 janvier 2013

ACTU-MONDIALISATION. Chine: Les défis de Xi Jinping en 2013



Le nouveau premier secrétaire du Parti communiste chinois (et, accessoirement président de la république), Xi Jinping prend donc véritablement les rênes du pays en cette année 2013.
Celle-ci recèle de nombreuses inconnues et dangers pour la nouvelle direction de la Chine, que ce soit en termes économiques ou politiques, sociaux et sociétaux.
Les derniers mois ont en effet mis en lumière plusieurs caractéristiques de la société chinoise qui peuvent représenter des handicaps à plus ou moins brève échéance.
C’est le cas en matière économique où, même si l’activité semble repartir, les déséquilibres de la machine productive chinoise n’ont pas été réglés.
Ainsi, le pays dépend toujours beaucoup trop des exportations et ne parvient pas à réellement développer son marché intérieur dans les proportions requises pour changer de modèle de croissance.
Dans le même temps, les entreprises d’Etat sont toujours des sangsues pour le financement de l’activité industrielle au détriment du secteur privé pourtant nettement plus dynamique et porteur d’avenir sans parler des sommes gigantesques prêtées, en particulier, par les provinces à ces mastodontes publics et qui ne seront jamais remboursées.
Sans oublier que la croissance qui est repartie vient à nouveau d’un plan concerté entre l’Etat central et les provinces pour développer des infrastructures alors que le pays en possède déjà un trop plein dans de nombreux secteurs, telles les autoroutes qui ne mènent nulle part.
A cela s’ajoute un développement complètement déséquilibré au niveau environnemental, social et géographique.
La pollution, cachée largement par les autorités, est partout, dans les sols avec l’impossibilité d’utiliser un pourcentage toujours plus grand de terres arables; dans l’eau - que ce soit dans les nappes phréatiques ou les cours d’eau – avec la menace de pénuries d’eau potable, voire d’eau tout court; dans l’air avec des teneurs en polluants dépassant les seuils d’alerte comme c’est le cas actuellement depuis plusieurs jours à Pékin et alors que le gouvernement avait imprudemment annoncé que la situation s’améliorait…
Un même gouvernement qui ne parvient pas, non plus, à enrayer les déséquilibres sociaux notamment au niveau des revenus entre les villes et les campagnes mais aussi entre les Chinois de la classe aisée, de plus en plus riches, et le reste de la population.
De même, provinces de l’ouest du pays sont encore largement en retard par rapport à celles de l’Est et plus particulièrement les régions côtières.
La démocratisation de la société, réclamée de plus en plus par les classes moyennes, premier soutien du pouvoir, se fait attendre même si Pékin a annoncé qu’il allait mettre fin aux fameux camps de rééducation qui échappaient largement aux tribunaux, encore que ceux-ci n’ont rien d’indépendants puisque le règne de la loi (quand celle-ci existe) est loin d’être la règle.
De même, la rébellion de la rédaction d’un hebdomadaire du Sud du pays, le Nanfang Zhoumo, devant la censure du gouvernement local et, surtout, le soutien populaire à la grève des journalistes qui a suivi montre, d’une part, que l’information est toujours muselée mais, d’autre part, que la population a de plus en plus de mal à le supporter.
Les critiques continuent à s’amplifier sur la politique de l’enfant unique mise en place par Deng Xiaoping, que ce soit par la population et les experts.
Certains, sans remettre en cause la nécessité de sa mise en place il y a quarante-cinq ans et sa réussite (il aurait été impossible de développer le pays comme il l’a été avec un «surplus» de 400 millions d’individus), estiment qu’elle doit être aujourd’hui assouplie pour des raisons économiques et sociales.
En outre, ils affirment que son abandon n’aboutirait pas à un boom débridé des naissances, les Chinois n’étant plus favorables à des familles nombreuses.
Enfin, il y a les relations internationales où l’attitude agressive de la Chine est vue avec hostilité et inquiétude par l’ensemble de la communauté internationale.
On est désormais loin du fameux et fumeux softpower à la chinoise vendue il y a encore peu par Hu Jintao et Win Jiabao, les président et premier ministre sortants.
Les Chinois ont décidé de bomber le torse notamment avec leurs voisins à propos de contentieux territoriaux.
Quant à la politique étrangère de Pékin, elle est toujours centrée sur la défense de régimes indéfendables (Iran, Soudan, Corée du Nord ainsi que tous les régimes autoritaires d’Afrique et d’Asie) et participe peu à l’établissement d’une mondialisation apaisée.
Du coup, la Chine est aujourd’hui assez isolée sur la scène internationale, même si elle se targue du soutien de quelques chefs d’Etat autoritaires et populistes comme Vladimir Poutine ou Hugo Chavez.
La première année de Xi Jinping sera, on le voit, bien remplie.
Pour certains sinologues et experts internationaux, la Chine serait même proche d’une grave crise structurelle. Il sera donc particulièrement intéressant de voir quelles directions Xi Jinping va prendre avec les six autres hauts dirigeants du Parti communiste chinois.
Alexandre Vatimbella
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