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lundi 23 mai 2011

EDITORIAL-MONDIALISATION. «Semi-mondialisation», «démondialisation» et «individu mondialisé»


Des économistes estiment, comme Pankaj Ghemawat dans son livre «World 3.0», que nous ne sommes pas dans un monde mondialisé mais à moitié mondialisé et encore. Cette «semi-mondialisation» serait prouvée, chiffres à l’appui et démontrerait que les personnes et les marchandises sont bien moins impliqués dans la globalisation de la planète que l’on veut bien le dire.
D’autres, comme Jacques Sapir, dans son ouvrage «La démondialisation», affirment que nous sommes déjà dans un processus de reflux, voire de fin, de la mondialisation depuis que la crise économique et financière mondiale de 2008-2009 a sonné le glas de ces échanges de marchandises mais surtout de ces capitaux sauvages de voyager comme bon leur semble qui, pour lui, ont seulement permis aux spéculateurs de se remplir les poches.
Enfin, il y a ceux qui sont des observateurs de la mondialisation et qui constatent, tous les jours, l’existence de phénomènes de mondialisation et de l’avancée de certains d’entre eux.
Pour bien comprendre ces phénomènes, il faut, qu’au-delà des statistiques et des jugements moraux ainsi que des positionnements politiques, juridiques et économiques des Etats, parler d’un acteur essentiel de la mondialisation: l’«individu-monde mondialisé».
Derrière ce terme quelque peu barbare, se trouve celui qui détient la clé d’un monde ouvert et de son évolution passée, actuelle et future.
Faisons sa connaissance et analysons son rôle.
Dans notre modernité, postmodernité, voire hyper-modernité (!) mondiales – et pas seulement occidentales comme le prétendent parfois ses adversaires -, l’autonomie de l’individu augmente tout autant que son métissage culturel.
En conséquence, il choisit de plus en plus ses références existentielles, sa façon de penser, sa manière de vivre, ses goûts en tout genre parmi les choix infinis que lui propose un monde ouvert où les cultures se rencontrent, se mélangent et s’entrechoquent.
Une réalité indépendante de ses revenus (même si ceux-ci sont une variable d’ajustement dans le degré d’ouverture au monde quand il s’agit de consommer de la mondialisation culturelle et médiatique, par exemple).
Vivant désormais en temps réel ce qui se passe aux quatre coins de la planète, au courant des modes, des mouvements politiques, sociaux, sociétaux et culturels ainsi que des comportements de ses pairs qu’ils soient à Pékin ou à New York, à Paris ou à Bombay, il se construit en s’immergeant dans toutes ces influences voulues ou non qui l’atteignent et l’entourent continuellement.
Sans oublier, évidemment, qu’il est, en retour, un acteur actif et créatif de cette culture mondiale métissée.
Résultat, ses goûts sont de plus en plus mondialisés (peu importe qu’il consomme un produit venant d’un autre pays ou une copie fabriquée dans son propre pays). De même, ses références sont de plus en plus mondialisées tout comme son discours, son quotidien et son mode de vie.
L’individu-monde mondialisé construit ainsi sa propre différence et non comme l’affirment faussement et péremptoirement les adversaires du métissage, son uniformisation et sa ressemblance aux autres.
Il est un monde à lui tout seul, où il entretient des liens avec les autres individus-mondes mondialisés avec qui il est connecté en réseaux, à la fois, de proximité et de grand large.
C’est pourquoi, actuellement, chez les observateurs avisés, se pose la question du délitement des liens sociaux traditionnels au fur et à mesure de la montée en puissance de cet individu-monde mondialisé et non une quelconque peur d’uniformisation.
Or donc, si l’on se place au niveau de l’humain, force est de reconnaître que l’on n’est pas dans une «semi-mondialisation» et encore moins dans une «démondialisation». On est seulement dans un processus de mondialisation qui évolue, non de façon linéaire, mais dans tous les sens et à des vitesses différentes.
Même si, demain, la globalisation économique et financière connaît un grand coup d’arrêt, cela ne remettra pas en cause l’existence de la mondialisation. Alors, autant travailler sur cette réalité que d’élaborer des théories fumeuses qui ne font que faire perdre du temps et embrouiller les esprits par rapport aux énormes défis que ce processus de mise en réseau du monde recèle.
Alexandre Vatimbella
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