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mardi 11 septembre 2012

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. De la profondeur des fissures du Bric


Les difficultés actuelles de l’Inde, de la Chine, de la Russie et du Brésil, les pays du Bric, obligent à se demander si celles-ci vont perdurer à moyen et long terme et si, surtout, elles n’annoncent pas les limites du miracle du développement, notamment économique, de ces quatre grands émergents.
Si les situations de la Russie et du Brésil sont difficiles, leurs croissances respectives n’étaient déjà pas aussi dynamiques que celles de la Chine et de l’Inde jusqu’à présent.
De même, les deux géants d’Asie semblaient, malgré toutes leurs faiblesses, être sur une expansion sans fin.
Le retour de bâton sera peut-être d’une extrême dureté.
Ainsi, en Chine, alors que l’on attend la nomination de la nouvelle direction du Parti communiste (et donc de l’Etat), dans le courant du mois d’octobre, les mauvais indicateurs se multiplient, que ce soit, par exemple, le moral des ménages et des dirigeants d’entreprise ou les invendus qui s’amoncèlent faute de clients sur le marché intérieur ou à l’exportation.
La croissance est en baisse, sans que les analystes aient une idée très précise sur le moment où le rebond aura lieu et l’inflation fait une réapparition, néanmoins encore légère.
Mais les défis de la Chine sont énormes.
Si le gouvernement vient d’annoncer de nouvelles mesures de relance par le biais, encore une fois (une fois de trop?) des investissements publics dans les infrastructures, les déséquilibres sont impressionnants.
Ainsi, afin de lutter contre la spéculation immobilière très dangereuse pour l’équilibre financier du pays, Pékin a décidé de ne pas autoriser l’achat d’un deuxième appartement par un même couple. Résultat, un effondrement du secteur avec de nombreux licenciements.
De même, afin de lutter contre la pollution et l’engorgement, certaines villes ont réglementé l’achat de voitures. Résultat, un effondrement des ventes pour les constructeurs automobiles avec, également de nombreux licenciements.
Sans parler de l’endettement des provinces, la pollution des cours d’eau, les difficultés du secteur agricole, la délocalisation de nombreuses usines du fait de l’augmentation des salaires, le retard technologique malgré l’explosion des dépôts de brevets, la situation démographique déséquilibrée alors que la population est trop nombreuse, etc.
D’autant que le développement actuel de la Chine n’est pas soutenable sur le long terme, simplement parce qu’elle ne pourra pas se fournir en matière premières suffisantes.
Ce qui pose un autre problème: comment sortir alors de la pauvreté des centaines de millions de personnes qui s’y trouvent encore? Personne n’a la réponse.
Quant à l’Inde, certains se demandent s’ils n’ont pas pris leurs désirs de voir le pays sortir de ses difficultés endémiques pour une réalité.
La grande panne d’électricité qui a frappé le pays cet été était tout sauf une surprise pour ceux qui savent depuis longtemps que les infrastructures en la matière sont vétustes et loin de produire le courant nécessaire pour faire tourner normalement les usines dont certaines doivent même fermer plusieurs jours par mois à cause de cette incapacité.
D’autant qu’elle s’est produite alors que la croissance de l’Inde est de plus en plus faible et que les déficits publics, du fait notamment de subventions dans tous les domaines – des emplois à l’alimentation en passant par l’énergie – se creusent.
Se surajoute à cela, un gouvernement paralysé dans sa volonté de mettre en place des réformes indispensables car pris en otage qu’il est par sa base et ses alliances électorales avec des petits partis uniquement préoccupés par leur système clientéliste. …
Bien entendu, la Chine et l’Inde, ainsi que la Russie et le Brésil, ont encore des ressources et des capacités immenses.
Cependant, comme c’est souvent le cas, celles-ci ont été surévaluées ou, en tout cas, les problèmes structurels de leurs économies n’ont pas été assez pris en compte.
Ainsi, tout comme l’effondrement de l’Europe serait une catastrophe mondial, le décrochage de la Chine et de l’Inde, ensemble, aurait des conséquences désastreuses au niveau de la planète.
Personne ne le souhaite, évidemment. Encore faut-il que les actes suivent.
Les dirigeants de Pékin et de New Dehli sont conscients des défis qui se présentent à eux.
Seront-ils y faire face est une autre histoire…
Alexandre Vatimbella
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