Les Actualités sur www.ecoinfosmonde.com

mercredi 24 juillet 2013

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. A la recherche du graal: un monde meilleur sans dégâts

Le progrès est une notion controversée parce que tout le monde y a mis ce qu’il voulait depuis qu’il est devenu une notion centrale du développement de l’humanité.
Mais, dans sa définition première et suscitant moins de polémique, il s’agit de rendre meilleur le monde pour tous grâce aux capacités humaines utilisées de la meilleure manière qui soit.
Cette tâche essentiellement qualitative n’est pas du tout évidente à réaliser alors que cela devient de plus en plus nécessaire dans un monde où la recherche effrénée de la croissance économique (vision essentiellement quantitative du progrès) a, certes, permis des avancées extraordinaires mais avec des dégâts collatéraux parfois immenses qui imposent que l’on recherche une autre voie de développement que celle que l’humanité prend depuis la révolution industrielle de l’Europe au XVVI° et XIX° siècles, aux quatre coins de la planète.
Tout ceci est évidemment plus facile à dire et écrire qu’à faire.
Depuis des décennies, voire plus, des hommes et des femmes, simples citoyens ou sommités dans leurs domaines d’expertise, sont partis à la recherche de ce graal. Pour l’instant, ils sont revenus bredouilles avec des ersatz de solutions qui ne satisfont que des chapelles idéologiques de tous bords.
Dès lors, il faut se poser la question concomitante de l’existence même d’un progrès sans dégâts et de savoir, si la réponse est négative, quelle doit être le choix de l’humanité.
Doit-on, par exemple, parler de croissance zéro, de décroissance et autres concepts qui sont prônés par les écologistes extrémistes et malthusiens et dont la mise en place plongerait une grande majorité des populations dans la pauvreté et, pour la partie qui l’est déjà, dans une pauvreté absolue?
Et puis, comment expliquer aux centaines de millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim qu’ils n’ont aucun espoir de vie meilleure?
Doit-on, au contraire, accepter les dégâts collatéraux comme inévitables et sans remettre les yeux fermés aux capacités humaines de trouver des solutions par le progrès technique, scientifique et social à travers l’innovation?
Quitte à ne rien trouver et à s’enfoncer dans des temps obscurs…
Les nombreuses conférences et colloques qui se succèdent ces derniers temps ne parviennent pas à trancher afin de réunir l’ensemble de la planète autour d’un consensus minimum.
D’autant qu’il n’existe pas aujourd’hui d’indices permettant de mesurer le progrès au-delà de sa traduction économique avec la croissance du PIB.
De multiples études ont été commandées, de nombreuses recherches réalisées pour trouver un indice du bonheur indépendant du taux de croissance, sans résultats probants.
On se rappelle, entre autres, la commission mise en place par le président français, Nicolas Sarkozy, et réunissant plusieurs prix Nobel dont les économistes Amartya Sen et Joseph Stiglitz, qui, malgré des travaux de haut vol, accoucha d’une souris.
Car, plus on avance sur ce sujet plus on se rend compte qu’il faudrait de multiples données qui ne sont pas synthétisables dans un seul indice pour apprécier ce bonheur et que le tout demeurerait largement subjectif.
Prenons par exemple les enquêtes sur l’avenir. Quand on interroge les peuples, ils sont actuellement largement pessimistes sur celui de leur pays et du monde. Mais lorsque l’on interroge les individus sur leur propre avenir personnel, ils sont généralement optimistes…
Le Bhoutan qui voulait révolutionner l’approche du développement avait mis en place un indice du bonheur (le BNB, Bonheur national brut) scruté avec intérêt par les chercheurs. Il vient de le supprimer sur fond de grave crise économique et d’une défiance de plus en plus grande de ses habitants sur cet indice qui ne reflétait guère leur condition...
L’INSEE – l’institut français de la statistique – a décidé récemment de comptabiliser matériellement et monétairement parlant toutes les tâches domestiques (mais, bizarrement pas l’acte sexuel, ni le sommeil, comme l’explique le philosophe Jean-Pierre Dupuy dans Le Monde). Du coup, selon ses experts, nous sommes, paraît-il, beaucoup plus riches que nous le croyons.
En fait au-delà de situations grotesques qui devraient, par exemple, faire du chômeur qui reste chez lui, le gardien de son appartement dont il faudrait calculer le salaire en comparaison du salaire moyen de la profession, ils ont fait une totale inversion de ce que nous devons rechercher: faire en sorte de traduire tout ce qui est monétaire en qualité de vie. Retour à la case départ.
Alexandre Vatimbella

© 2013 LesNouveauxMondes.org