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vendredi 18 mai 2012

MONDIALISATION-CHINE-GEOPOLITIQUE-GEOECONOMIE. De la dangerosité du «modèle chinois» pour le monde entier

«La République populaire du scandale»; «Le modèle économique chinois miné de l’intérieur»; «Le miracle chinois est-il menacé?»; «Les faiblesses de la Chine révélées au grand jour»; «Mer de Chine, une nouvelle zone à hauts risques»; «Séries noires chez les princes rouges».
Les récents et nombreux titres de la presse occidentale sur la situation de la Chine sont sans équivoques.
Oui, la Chine est à un tournant de son histoire et, surtout, de son exceptionnel développement économique commencé depuis plus de trente ans.
Cela ne veut pas dire que la situation économique, sociale, politique ou internationale du pays va forcément aboutir à une implosion du fameux «modèle chinois» sur lequel de nombreux dangers planent.
Un modèle que ses propagandistes zélés nous avaient vendu pendant des années comme insubmersible et nouveau paradigme mondial, allant même jusqu’à recommander que les pays avancés s’en inspirent.
Au vu des défis que la Chine doit relever, ce modèle va devoir se réformer en profondeur pour éviter de se disloquer.
Les dirigeants chinois vont devoir trouver rapidement des solutions afin de permettre au pays de continuer à se développer.
Une exigence puisque, malgré son rang de deuxième puissance économique, la Chine est encore loin de pouvoir assurer le bien être à toute sa population dont une grande partie demeure en-dessous du seuil de pauvreté.
L’incapacité actuelle de Parti communiste de s’atteler à cette tâche urgente augure mal des résolutions positives de ces défis.
Ces dangers peuvent être classés en six catégories principales: ceux qui ressortent de la géopolitique, de le géoéconomie, de la géostratégie, de l’économie, du social, du politique et de l’environnement.
- Les dangers géopolitiques: les Chinois, ou, en tout cas, le Parti communiste chinois, ne se sont-ils pas vu trop beaux et trop puissants, trop vite?
Ils ont développé ce fameux hubris, concept anglo-saxon qui exprime le sentiment de toute puissance d’un pays ou d’une civilisation et qui recèle en lui de terribles dangers et déconvenues lorsqu’il n’est pas contrôlé.
Aujourd’hui, à part quelques régimes dictatoriaux, peu de pays ont une confiance dans une Chine loin de véhiculer une image consensuelle et pacifique.
En Asie, tous ses proches voisins, de l’Inde au Japon en passant par les Philippines, le Vietnam ou la Russie, sont en alerte devant les provocations répétées des Chinois en matière de revendications territoriales et maritimes.
Le tout étant accompagné d’un discours nationaliste et martial qui n’est pas très rassurant même si les spécialistes estiment que la Chine n’a pas l’intention, à court terme, d’utiliser la force pour faire respecter ce qu’elle estime être ses droits, souvent à l’encontre des règles internationales en la matière.
- Les dangers géoéconomiques: la Chine s’est développée sur le dos des Etats-Unis, du Japon et des pays européens mais aussi en bloquant ou retardant le développement économique de certains pays en développement en se servant de leurs matières premières et en empêchant leur décollage économique en inondant leurs marchés domestiques de ses produits à bas prix..
En Afrique, les populations, d’abord dans une espérance d’un vrai partenariat équitable, voient désormais dans les agissements des entreprises chinoises des pratiques néocolonialistes et un pillage sans vergogne de leurs matières premières ainsi qu’un accaparement de leurs terres arables.
En Amérique, la plupart des pays d’Amérique latine, Brésil en tête, s’inquiètent du déséquilibre des échanges économiques et des produits chinois à bas prix qui tuent leurs petites entreprises et leurs artisans.
Même chose en Asie, où l’Inde ne peut se résoudre à signer un accord de libre-échange avec la Chine de peur d’être inondée par ses produits bas de gamme qui mettraient à mal son tissu entrepreneurial.
En Europe, l’Union européenne en a plus qu’assez de se faire rouler dans la farine par des pratiques illicites des Chinois et veut mettre en place des barrières aux importations venues de Chine tant celle-ci ne respecte pratiquement aucune règle du commerce international malgré son adhésion à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et jusqu’à ce que cette dernière accepte l’ouverture de ses marchés publics aux entreprises étrangères.
- Les dangers géostratégiques: les besoins de matières premières pour développer son économie et d’alliés pour défendre sa position au niveau international sont les deux axes prioritaires de la politique étrangère chinoise.
En conséquence ce quoi, la Chine navigue à vue et s’allie avec les régimes les plus honnis de la planète comme celui des mollahs en Iran, celui de Chavez au Venezuela, celui de Bachir au Soudan ou de Mugabe au Zimbabwe. Avant de le lâcher, elle a soutenu Kadhafi en Libye et elle reste en bons termes avec Assad en Syrie.
Les Etats-Unis qui fondaient beaucoup d’espoir sur une relation privilégiée avec la Chine, sont de plus en plus réservés sur la capacité de celle-ci à développer un vrai partenariat stratégique avec eux et, surtout, à prendre ses responsabilités de grande puissance.
Une critique sur l’irresponsabilité chinoise qui est partagée par les Européens mais aussi par bien d’autres pays.
En matières géopolitique, géoéconomique ou géostratégique, les «partenaires» de la Chine savent désormais que «les échanges et la bonne compréhension ne passent que par les rapports de force» comme le dit si bien Valérie Niquet, responsable du Pôle Asie à la Fondation pour la rechercher stratégique.
- Les dangers économiques: la Chine connait un ralentissement économique mais, pire, des déséquilibres structurels et des failles béantes qu’elle pourrait payer cash. Sa croissance est toujours tournée vers le «modèle japonais» de la production pour l’exportation (que le Japon mis en œuvre au sortir de sa défaite de 1945) alors qu’elle doit absolument développer son marché intérieur pour pérenniser son développement.
Ses entreprises d’Etat sont toujours aussi peu concurrentielles et ne vivent que grâce aux milliards de dollars de subventions déguisés en prêts qu’elles engloutissent et qui ne seront jamais recouvrés par un secteur financier aux ordres des responsables communistes nationaux et locaux et qui pourrait bien s’effondrer, surtout si le secteur immobilier continue à s’enfoncer dans la crise.
Sans oublier les difficultés toujours aussi grandes pour les entrepreneurs privés de pouvoir développer leurs activités en toute liberté et sans que le pouvoir communiste ne tentent de mettre la main sur les entreprises les plus juteuses.
- Les dangers sociaux: à force d’avoir favorisé les riches et notamment les membres du Parti communiste qui se sont enrichis de manière éhontée et d’avoir profité d’une main d’œuvre abondante et bon marché, réprimée à chaque demande sociale, même la plus légitime, le pouvoir est aujourd’hui assis sur une poudrière qui menace d’exploser à tout moment.
Il a beau augmenter les salaires (sous la pression des travailleurs) ou mettre en place un mince filet de protection sociale, il ne parvient pas à rééquilibrer la société chinoise qui est devenue une des plus inégalitaires du monde.
- Les dangers politiques: oui, malgré les soi-disant «différences culturelles», les Chinois rêvent de la même démocratie que l’on connait dans les pays occidentaux comme l’a montré un récent sondage publié dans un quotidien.
Et le musèlement systématique de la parole libre, que ce soit dans la presse, dans la rue ou sur internet, sont bien la preuve de la grande peur des autorités face à une demande de plus en plus prégnante et à laquelle il ne répond que par la force comme l’ont montré les récentes affaires concernant l’artiste Ai Weiwei ou l’avocat des «sans voix», Chen Guangcheng.
Cela n’empêche pas la société civile de trouver des moyens de plus en plus sophistiqués pour contourner la censure.
Mais les nuages les plus sombres dans ce domaine viennent actuellement de l’intérieur même du Parti communiste où les luttes intestines pour le pouvoir sur fond de corruption, de passe-droits, d’enrichissement indécent et de pratiques claniques ont été, une nouvelle fois, mises à jour avec le scandale Bo Xilai, ce dirigeant de la région de Chengdu dont les agissements relèvent plutôt de la rubrique criminelle et mafieuse que de celle de la politique.
Mais il n’est pas le seul dans ce cas, loin de là, et le coup de balaie salutaire ne semble pas être pour demain malgré un courant réformateur dans les instances dirigeantes qui se heurtent pour l’instant à l’opposition des conservateurs.
Le Parti communiste n’a bien sûr de communiste que le nom et la pratique totalitaire.
Comme le dit Kenneth Liberthal de la Brookings Institution, «Si le Parti communiste chinois était nommé ce qu’il est réellement, il serait appelé le Parti bureaucratique capitaliste chinois»…
- Les dangers écologiques: La Chine est le pays le plus pollué de la planète. On estime que 80% des cours d’eau sont pollués sans compter nombre de lacs et de nappes phréatiques. De même, nombre terres agricoles ne peuvent plus être cultivées car trop contaminées. L’air des grandes villes, tel celui de la capitale, Pékin, est irrespirable. Et les mesures prises pour enrayer ces phénomènes sont dérisoires.
D’autres bombes à retardement sont également tout aussi redoutables.
Comme celle du vieillissement à grande vitesse de la population qui va poser de sérieux problèmes dans les années à venir, tant au niveau d’un tarissement d’une main d’œuvre abondante que du financement des retraites.
Mais le challenge le plus important dans ce domaine sera, à partir de 2030, de faire appel à une main d’œuvre étrangère.
Comment seront reçus ces immigrés dans un pays qui n’est pas réputé pour le bon accueil des étrangers? Voilà qui sera un nouveau challenge et pas le moindre.
Oui, le «modèle chinois» a vraiment du plomb dans l’aile.
La Chine doit réagir rapidement et avec responsabilité à tous ces défis.
Rien n’est évidemment joué mais une chose est sûre, l’écroulement de l’Empire du Milieu serait une catastrophe qui dépasserait de beaucoup ses frontières.
Alexandre Vatimbella
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